Le 21 octobre 2021 | Mis à jour le 21 octobre 2021

Expertise : une commode bureau Louis XVI

par Jacques Dubarry de Lassale

Pourvue d’une écritoire, d’un caisson et de tiroirs, la commode bureau a pendant longtemps été une pièce incontournable des intérieurs bourgeois. Mêlant souvent plusieurs essences de bois, ce meuble, ajustable à l’envi, est apparu sous le règne de Louis XVI. Le maître ébéniste Jacques Dubarry de Lassale révèle les secrets de ce meuble prisé au XVIIIe siècle, à travers l’expertise d’une commode bureau Louis XVI. 

 

Malgré sa rusticité, le meuble de fabrication provinciale (photos 1 et 2 ci-dessous) que nous allons expertiser entre dans la catégorie du mobilier bourgeois. Cette commode, comme beaucoup de meubles de ce type, a été construite avec diverses essences de bois. Ainsi, on y retrouve du cerisier, du noyer, du chêne, du châtaignier, du sapin et du peuplier.

 

 

Une structure classique

Il s’agit d’un meuble tout à fait classique pour l’époque. Les quatre pieds, de section carrée, sont gainés dans leur partie inférieure et ornés en façade et sur les côtés de trois cannelures (photos 1 et 3). Les côtés (photo 3) sont faits de panneaux minces de noyer embrevés dans les pieds et les traverses hautes et basses. Le dos (photo 4) est constitué d’un encadrement en peuplier et de panneaux horizontaux en sapin. Le plateau est en cerisier. Il a été refait postérieurement avec du bois ancien, mais l’ébéniste a négligé de l’assembler à l’ancienne, c’est-à-dire par bouvetage, ce qui était la règle au XVIIIe siècle (photo 5). Il a effectué un collage à plat joint (photo 5).

 

 

Une association de plusieurs essences de bois

La façade ouvre par deux tiroirs dans sa partie basse et un tiroir à façade en abattant dans sa partie supérieure. Les trois façades de tiroirs sont en cerisier. L’abattant offre le plan de travail nécessaire à l’écriture et l’intérieur du tiroir présente des casiers similaires à ceux d’un secrétaire. Les trois petits casiers contenaient trois tiroirs qui ont disparu. Il demeure des traces de coulissage, permettant d’affirmer qu’ils ont existé. Les assemblages des deux tiroirs inférieurs relèvent d’un montage classique sous l’époque Louis XVI, à savoir : trois queues d’aronde à l’avant et à l’arrière (photos 6). Les côtés des tiroirs sont en chêne, le dos et le fond en sapin. Les quatre côtés des tiroirs ont la même hauteur et le fond est embrevé dans des rainures sur trois côtés par des languettes bâtardes. Le quatrième côté, c’est-à-dire le dos, est cloué sur le fond (photo 7).

 

 

Sur le tiroir supérieur, faisant office d’écritoire, la façade est rattachée au caisson par deux charnières. Les côtés sont en châtaignier et les compartiments des trois tiroirs sont en peuplier. Il suffisait à l’utilisateur de s’asseoir devant la commode et de tirer le tiroir, après avoir abaissé la façade, pour disposer d’une écritoire, d’un caisson et de trois tiroirs.

 

Des serrures et des charnières typiques de l’époque Louis XVI

Les serrures sont d’origine et conformes aux fabrications du XVIIIe siècle, avec un penne mince et décalé sur la têtière (photo 8). On remarquera également sur la serrure du tiroir supérieur un renfort en losange qui a été rivé afin de consolider la fixation de la broche qui pénètre dans la clé (photo 7). L’utilisation d ‘un renfort de cette nature est également une pratique courante au XVIIIe siècle.

Les charnières, datant du XVIIIe siècle, sont en laiton fondu, ce qui est rare (photo 10). L’utilisation de trois vis de fixation pour les charnières est également rare, même si elle s’explique par la nécessité d’une bonne tenue de l’abattant qui n’avait ni tirettes ou compas pour le soutenir. Les vis sont bien des vis de charnières, d’une fabrication du XVIIIe siècle, filetées à la lime queue de rat jusqu’à la tête et de forme légèrement conique (photo 11). Si les charnières n’étaient pas celles d’origine, les trous dans le bois n’auraient pas été adaptés et auraient été au nombre de trois (photo 11). De plus, les vis anciennes n’auraient pas été conservées. Les entrées de serrures sont en laiton embouti, ce qui dénote une économie dans la fabrication et un caractère rustique très typé de la fin du XVIIIe siècle (photo 12). Les anneaux de tirage des tiroirs (photos 1 et 2) sont en laiton fondu, tandis que les cabochons sont en laiton embouti.

 

 

Image en Une : Bureau à cylindre formant commode en acajou et placage d’acajou moucheté. Epoque Louis XVI. Adjugé 2 600 euros le 30 juin 2021 par Chauviré et Courant à Angers.

Autres photos : © Jacques Dubarry de Lassale.

 

 

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