La Fortune et le symbolisme bourgeois
[Lot du jour] Peint en 1912, ce grand tableau offre un contraste saisissant ! Une foule d’ouvriers compacte et imposante se presse autour de cette belle jeune femme dénudée aux yeux bandés, qui s’élève avec grâce et légèreté sur une roue ailée. Face à cette masse prolétaire qui tend avidement ses mains, elle lance de l’or qu’elle sort d’une corne d’abondance. Cette femme, c’est une allégorie de la Fortune qui, comme le titre l’indique, répand ses dons sur les travailleurs, guidée par la Sagesse et l’Economie. Cette œuvre de Paul François Quinsac (1858-1932) sera proposée aux enchères par Maître Antoine Briscadieu le samedi 7 novembre 2015 à Bordeaux et sur le Live d’Interencheres.
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« Cette vente est un peu particulière puisqu’elle sera l’occasion de disperser le mobilier des années 1850 à 1920 qui garnissait les locaux d’institutions bancaires de la région, explique le commissaire-priseur. Cette spectaculaire huile sur toile de Quinsac appartenait à une banque historique très connue qui jouait également les mécènes, en faisant régulièrement appel à des artistes locaux pour la décoration des lieux. A l’heure actuelle, on ne sait pas si La Fortune est une commande spéciale ou non : toujours est-il qu’elle était remisée depuis de nombreuses années dans les réserves de la banque. »
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Quinsac, artiste bordelais et élève de Gérôme, se plaît à représenter des figures mythologiques et allégoriques, à l’instar de notre toile. Exposée au Grand Palais en 1912, elle fut très remarquée par son sujet et par son très grand format : la toile mesure plus de 4 mètres de long (190 par 415 cm pour être précis). Elle fut aussi éditée et reproduite en cartes postales pour l’occasion.
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« Paul François Quinsac est surnommé le peintre des élégances bordelaises, confie Maître Briscadieu, et cette œuvre est le parfait manifeste de cette tendance artistique : la pose lascive de la jeune femme, la composition allégorique, les tons pastels chauds et rosés, le style légèrement pompier, l’aspect léché et doux… C’est en définitive un exemple de symbolisme bourgeois. L’artiste a par ailleurs décidé de situer la scène dans sa ville natale puisque l’on distingue à l’horizon le beffroi de Bordeaux qui s’élève dans la brume. » Une caractéristique qui pourrait, pourquoi pas, intéresser la ville de Bordeaux et son musée des beaux-arts, qui possède déjà une dizaine de toiles de l’artiste. Estimation : 8 000 – 10 000 euros.
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Lien de l’annonce vers la vente aux enchères