Le cadeau « salé » d’Anastasia de Russie
Anastasia de Russie avait offert en 1913 sa salière personnelle, réalisée par le célèbre joaillier, Fabergé à un intrépide aviateur français : Marcel Brindejonc des Moulinais, qui avait volé jusqu’à Saint-Pétersbourg. Le mercredi 29 mai 2013 à Paris, les commissaires-priseurs Sylvain Gautier et Thierry de Maigret mettront ce cadeau « salé » et d’autres souvenirs aux enchères à Paris.
.
Peu de jeunes filles auraient l’idée d’offrir une salière à leurs biens aimés ! C’est pourtant le cadeau qu’Anastasia de Russie fit à un célèbre aviateur français, Marcel Brindejonc des Moulinais, lorsqu’il réussit l’exploit de voler jusqu’à son palais de Saint-Petersbourg en 1913. Héritière de la dynastie des Romanov, quatrième fille du tsar Nicolas II de Russie, la jeune fille ne serait pas restée insensible aux charmes du valeureux héros et tint à lui offrir sa salière personnelle en argent émaillé signée Fabergé, et porte son initiale surmontée de la couronne fermée impériale. Estimée de 30 000 à 40 000 euros, ce cadeau « salé » sera mis aux enchères mercredi 29 mai 2013 à Paris par les commissaires-priseurs Sylvain Gautier et Thierry de Maigret.
.
.
.
.
Un kovsh démesuré pour l’aviateur Brindejonc des Moulinais
.
Contemporain et aussi intrépide que Charles Nungesser et Roland Garros, Marcel Brindejonc des Moulinais n’est, pour sa part, malheureusement jamais passé à la postérité, sans doute en raison des dramatiques circonstances de sa mort. L’aviateur a en effet été abattu par erreur par deux avions français pendant la première Guerre Mondiale. Pourtant, sa popularité était si importante à l’époque qu’il recevait des lettres de félicitations avec pour seule adresse « Brindejonc des Moulinais, France ».
.
.
En juin 1913, après avoir remporté la coupe Pommery, remise à l’aviateur ayant parcouru la plus longue distance en deux jours (à savoir Paris-Varsovie, soit 1 382 km), Marcel Brindejonc des Moulinais continue son périple en faisant le circuit des différentes capitales européennes. Le 17 juin 1913, il est à Saint Petersbourg, où il est décoré de l’ordre de Sainte Anne par le Grand Duc Alexandre dont la photographie officielle sera mise aux enchères. Les commissaires-priseurs Sylvain Gautier et Thierry de Maigret mettront également en vente le kovsh d’apparat en argent qui lui a été remis à cette occasion (illustration ci-dessus). Cette coupe traditionnelle russe présente ici des proportions démesurées : elle mesure 47 cm et pèse 1,3 kilo. Gravé en russe et en cyrillique « à l’intrépide aviateur Brindejonc des Moulinais en souvenir de sa magnifique performance Paris-Saint Petersbourg 11-17 juin 1913 » et « Aéro Club impérial de Russie », ce kovsh est estimé de 8 000 à 10 000 euros.
.
Un émouvant étui à cigarettes
.
Enfin, l’objet peut-être le plus émouvant qui sera mis aux enchères est l’étui à cigarettes en argent, signé à l’intérieur par Brindejonc des Moulinais lui-même et par ses amis tels que Charles Nungesser… L’aviateur le portait sur lui lorsqu’il fut abattu, ce qui explique les accidents présents sur cette boîte en argent estimée de 600 à 800 euros.
.
Ces émouvants souvenirs ont été pieusement conservés par la famille de l’aviateur, décédé sans descendance à l’âge de 24 ans. Après avoir alimenté les collections du musée de l’Air du Bourget, les héritiers du héros ont aujourd’hui décidé de se séparer de ces pièces historiques, qui passionneront autant les amateurs d’argenterie, les historiens de l’aviation, et les nostalgiques de la cour impériale russe, décimée seulement quatre ans après leur rencontre avec Marcel Brindejonc des Moulinais.
.
Haut de page