Les années vertes de Fernand Léger
[Lot du jour] Sur cette gouache de Fernand Léger, deux troncs d’arbres longilignes et arrondis se déploient devant un enchevêtrement de formes angulaires, évoquant les lignes droites d’un paysage industrialisé. Cette dualité formelle souligne la rencontre entre la nature et la ville, au sein d’une composition rappelant l’un des principes fondamentaux de l’œuvre de Léger, le contraste des formes. Cette gouache, intitulée Les arbres devant la maison, sera proposée le lundi 30 novembre 2015 à Blois, sous le marteau de Maîtres Marie-Edith Pousse-Cornet et Guillaume Cornet.
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Signée des initiales de Fernand Léger (1881-1955), cette œuvre est datée de 1922. « Les années 1920 correspondent à l’une des premières périodes de production de l’artiste, assez rare sur le marché, explique l’expert Agnès Sevestre-Barbé. Les œuvres que nous voyons passer en salles de ventes datent en effet, pour la plupart, des années 1950. Outre sa rareté, notre gouache, qui fait cohabiter la ligne et la courbe, met également en exergue le côté très naturel de l’artiste : on distingue dans le coin supérieur droit la présence d’un repentir, qu’il n’a pas cherché à masquer de manière intégrale. Ce processus visible de création est assez fréquent chez Léger et il est toujours émouvant de pouvoir suivre le chemin de réflexion d’un artiste. »
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La figure de l’arbre, quant à elle, est une thématique récurrente dans l’œuvre de Léger entre les années 1921 et 1925. « Central ou non, cet élément incorporé aux compositions industrialisées parvient à les humaniser, confie Maître Guillaume Cornet. Nous avons retrouvé plusieurs gouaches traitant du même sujet, dont une, L’arbre dans la ville, fut adjugée 150 000 euros à Paris en 2002. » Estimée quant à elle 60 000 à 80 000 euros, l’œuvre Les arbres devant la maison figurera dans le répertoire des œuvres sur papier de Fernand Léger, actuellement en préparation par Irus Hansma.
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Inédite sur le marché, cette gouache fut retrouvée dans son carton à dessin placé dans l’un des salons du château de Renay, dans le Loir-et-Cher. « Son propriétaire avait été mandaté dans les années 50 par l’artiste afin de devenir l’un de ses marchands, révèle le commissaire-priseur. Il avait alors vendu principalement des gouaches de petit format. »
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Lui-même grand amateur de l’artiste et collectionneur averti de mobilier de l’époque Charles X, le vendeur souhaitait même ouvrir un musée du siège. Une photographie datant des années 80, tirée de l’ouvrage Mobilier Restauration, montre son appartement décoré, au mur, d’une toile de Léger, ainsi que de plusieurs pièces qui feront également partie de la vente, dont le salon Charles X (est. 1 500 à 2 000 euros), l’écran en érable (est. 200 à 300 euros) et la pendule en bronze doré figurant Zéphyr et Flore (est. 3 000 à 5 000 euros). La seconde partie de cette importante collection sera dispersée au printemps de l’année prochaine.
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Lien vers l’annonce de la vente aux enchères