
Les appétissantes natures mortes de Claesz
[Lot du jour] Aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands maîtres de la nature morte hollandaise, Pieter Claesz (vers 1596-1597-1661) a pourtant longtemps été ignoré par le marché de l’art. Derrière ses initiales, P.C., les spécialistes pensaient trouver une artiste flamande contemporaine de Claesz du nom de Clara Peeters, qui peignait des sujets similaires et affichait presque le même monogramme.
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Or, à la fin du XIXe siècle, l’historien et critique d’art Paul Mantz certifie que « Le maître au chiffre P.C. est bien Pieter Claesz ». Il rend ainsi son identité au peintre et son œuvre publique dans la Gazette des Beaux-Arts en 1859. Passionné par son œuvre, Paul Mantz a d’ailleurs été l’heureux propriétaire de cette « nature morte de déjeuner » qui sera mise aux enchères le 1er février 2014 à Nîmes par Maîtres Françoise Kusel et Pierre Champion et en direct sur le Live d’Interencheres.
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Si le thème du déjeuner était déjà employé par d’autres peintres flamands à l’époque, souvent sous les traits de modestes collations, Claesz donnera une nouvelle impulsion à ces repas picturaux. Visible aux détails du couteau sur la table ou encore au verre à vin (dit « römher », l’un de ses motifs récurrents), la maitrise du réalisme est bien plus grande chez lui que dans les œuvres de ses prédécesseurs. Au milieu des victuailles, un saleron tripode agrémenté d’une figurine armée vient décorer la table. Très apprécié pour ses représentations d’orfèvrerie de luxe, le peintre en fait le sujet principal de nombreux tableaux.
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L’artiste est également le précurseur du « monochrome banketje », qui consiste en la réduction de la gamme chromatique des natures mortes à des tons plus neutres tels que le gris ou le marron. Il met alors en avant la simplicité et la vanité de la scène représentée, ainsi que l’importance de la lumière. Pour la première fois, il abandonne le point de vue frontal privilégié par les peintres d’Haarlem au profit d’une représentation latérale, plus plongeante, qui lui oblige une maitrise parfaite de la perspective et donne de l’originalité à ses « déjeuners ». Il est aujourd’hui très rare de trouver une œuvre de Pieter Claesz en vente publique. Cette superbe nature morte est estimée entre 60 000 et 80 000 euros.
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