Le 17 octobre 2013 | Mis à jour le 17 octobre 2013

Les « cent daims », jeu d’émaux chinois

par Magazine des enchères

[Le lot du jour] Une horde de cerfs, de biches et de daims au pelage finement émaillé gambadent dans un paysage rocailleux, parcouru d’une rivière et surplombé au loin par une chaine de montagnes. A l’ombre des grands pins tortueux et des pêchers, les cervidés se reposent et jouent gaiement. Charmé par le décor de cette céramique, son ancien propriétaire avait décidé de la monter en lampe. Mais cet Orléanais ne se doutait pas que cet objet décoratif était à l’origine un véritable trésor impérial chinois

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Plusieurs indices disséminés sur ce vase en porcelaine nous révèlent cette noble provenance. La multitude des symboles de longévité tout d’abord, incarnés par les daims, les pêches et les branchages de lingzhi, ces champignons chinois de couleur pourpre. Cette scène dite « aux cent daims » joue par ailleurs sur l’homophonie entre le daim et les émoluments (lu, en chinois). Associés par leurs sonorités communes, ces deux termes évoquent ainsi les « centuples émoluments », ces prestigieux cadeaux offerts par l’Empereur à ses fonctionnaires en remerciement de leurs services.

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Ce présent impérial est constitué d’émaux de la famille rose, d’après la classification fixée par le célèbre historien de l’art français Albert Jacquemart (1808-1875). La particularité de cette céramique chinoise est d’utiliser trois émaux principaux: l’émail rose, l’émail blanc et l’émail jaune opaque. « Selon l’effet désiré, les émaux étaient cuits séparément pour ne pas fondre entre eux et rendre également un motif très net. Mais ils pouvaient également être cuits ensemble si le décorateur désirait obtenir des couleurs fondues et opaques. Le décor de la famille rose apparaît à la fin de la période Kangxi (1662-1722) et il est encore développé de nos jours », explique Maître Edith Pousse-Cornet.

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La commissaire-priseur proposera le vase aux enchères dimanche 20 octobre 2013 depuis Blois et en direct sur le Live d’Interencheres, avec une estimation de 6 000 à 8 000 euros. Un prix qui devrait être largement dépassé compte tenu de l’engouement des acheteurs asiatiques pour les œuvres de leur patrimoine. En 2012, deux vases similaires de la famille rose représentant un décor aux « cent daims » ont été adjugés 15 500 euros (à Nantes par la maison Couton, Veyrac et Jamault) et à 13 500 euros (à Toulouse par Maîtres Chassaing et Marambat) au marteau.

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Lien vers l’annonce de vente du lot

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