Les trois coups de marteau de la semaine
Retour sur trois beaux résultats de ventes aux enchères qui se sont déroulées ces dernières semaines (les prix sont indiqués hors frais).
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27 500 euros pour une turquerie du XVIIIe siècle
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« Estimée à 2 000 euros, une paire de gouache du XVIIIe siècle, à l’effigie d’un homme et d’une femme richement vêtus a finalement été adjugée à 27 500 euros. « L’engouement des enchérisseurs s’explique non seulement par la qualité d’exécution de ces œuvres, notamment dans la finesse des traits des visages et le souci du détail des costumes, mais aussi par l’identification des personnages. Il s’agit du portrait de Louis Guillaume, marquis de Bade-Bade de 1677 à 1707 (une juridiction du Saint-Empire romain germanique), ainsi que celui de sa femme. Ce chef militaire reçu le surnom Louis Le Turc après sa grande victoire contre l’armée ottomane. Il est représenté ici en costume oriental avec une masse d’arme aux allures de sceptre, typique de l’armement des dignitaires des Balkans », précise Maître François Nugues à propos de sa vente du 27 février 2016 à l’hôtel des ventes de Laval. Le commissaire-priseur ajoute enfin que ces représentations d’occidentaux en costume turc, appelées « turqueries », sont très recherchées sur le marché, car elles évoquent par leur exotisme l’esprit des cabinets de curiosités.
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27 500 euros pour une commode dans son jus
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Cette charmante commode du XVIIIe siècle concentre à elle seule toutes les qualités attendues par les amateurs de mobiliers anciens : de sa provenance – un château de la région d’Amiens – à la richesse de son décor de laque, matériau de grand luxe à l’époque, en passant par ses dimensions flatteuses (86,5 centimètres de haut par 81 centimètres de long) et plutôt rares pour une commode d’époque Louis XV. « Nous sommes pourtant restés prudents sur son estimation, que nous avions fixée à 4 000 euros. Car la commode est restée totalement dans son jus et nécessite donc quelques réparations. Or, la réaction du public est toujours difficile à appréhender lorsqu’un meuble doit être restauré. Le marché peut être frileux », concède Maître Florent Moro. Manifestement, la commode n’a pas refroidi le cœur des enchérisseurs. Au contraire, dans la salle des ventes d’Amiens, ce samedi 27 février 2016, une joute d’enchères s’engage entre la salle et plusieurs téléphones. L’adjudication finale de 27 500 euros, près de 7 fois plus élevée que l’estimation, a été portée par un acheteur du centre de la France.
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8 000 euros pour la fontaine d’une boulangerie…
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« Ici, à Marseille, les plus anciens se souviennent encore de la fontaine installée dans la pâtisserie de la rue de Rome. Vestige du faste marseillais de la fin du XIXe siècle, cet ornement en marbre blanc et onyx fait partie des somptueuses décorations dont s’est drapée la ville sous Napoléon III, aussi bien dans l’habitat privé que dans les boutiques. Il existe d’ailleurs une autre pâtisserie, en haut de la Canebière, qui est décorée de grandes toiles du peintre provençal Luc Raphaël Ponson (1835-1904) », précise Maître Emmanuel Dard, à propos de sa vente du 28 février 2016. Pourquoi cette fontaine trônait-elle au milieu d’une boulangerie ? « Les traces d’usure sur la vasque montrent qu’elle était fonctionnelle. Mais certainement pour une activité antérieure, car aucun élément de son décor – principalement aquatique, constitué de dauphins et d’une coquille Saint-Jacques –, ne rappelle la boulangerie. » Il y a quelques années, les héritiers des boulangers avaient démonté la fontaine pour l’installer dans leur appartement marseillais, puis dans leur maison du Var. Souhaitant à nouveau déménager, ils ont confié l’œuvre de 2 mètres de haut par 1 mètre de long à Maîtres Gérard de Dianous et Emmanuel Dard pour la vendre aux enchères. Elle a été acquise par le marché de la grande décoration pour 8 000 euros.