Les trois coups de marteau de la semaine
Retour sur trois beaux résultats de ventes aux enchères qui se sont déroulées ces dernières semaines (les prix sont indiqués hors frais).
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Le musée de Cluny réalise une préemption à 450 000 euros
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Venu tout droit du XIVe siècle, ce tableau-reliquaire en argent émaillé a fait bondir les enchères samedi 6 février 2016 à Alençon. Considéré comme une pièce rare et précieuse, un « lot rarissime » selon Maître Patrice Biget, ce trésor du Moyen Âge mis à prix à 50 000 euros a rapidement suscité les convoitises de nombreux enchérisseurs. L’estimation basse de 80 000 euros a en effet été multipliée par cinq en l’espace de seulement quelques minutes. Au téléphone, un grand collectionneur français a finalement obtenu le somptueux objet pour 450 000 euros. Soudain le conservateur du Musée de Cluny, présent dans la salle, s’est levé pour faire valoir le droit de préemption. Cette procédure exceptionnelle permet en effet aux collections publiques d’intégrer des œuvres représentant un intérêt majeur en se substituant au dernier enchérisseur. Le tableau-reliquaire est ainsi devenu une pièce du patrimoine français et il y a fort à parier qu’il occupera une place de choix dans le musée parisien du Moyen Âge.
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2 100 euros pour une facétie de Chaplin
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Vendredi 5 février 2016, une vente aux enchères un peu particulière se tenait au Cirque d’Hiver, à Paris. Consacrée au cirque, au cinéma et à la magie, cette dispersion a attiré de nombreux curieux. C’est au sein de ce lieu insolite, « un écrin de choix pour cette vente, et dans une ambiance festive », selon Maître Florence Rois, qu’une statuette en plâtre patiné à l’effigie de Charlie Chaplin a créé la surprise en multipliant par dix son estimation basse de 150 euros. Acquise par un jeune collectionneur pour la somme de 2 100 euros, cette statuette est l’œuvre de Maurice Gottlob (1885-1970), un peintre de paysages ayant réalisé quelques sculptures à ses débuts. Les statuettes de Charlot étant particulièrement rares, « elles ne se verront certainement plus du tout aux enchères d’ici 50 ans. » D’après la commissaire-priseur, son étonnant prix d’adjudication prouve qu’une « nouvelle génération de collectionneurs assez jeune » et attirée par des objets plutôt décoratifs et populaires est en train de se révéler.
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25 000 euros pour le portrait d’une élégante
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Son regard de braise a littéralement enflammé les enchères. « Vingt enchérisseurs au téléphone se sont disputés le portait de cette élégante. Estimé à 3 000 euros, le tableau est finalement parti à 25 000 euros après avoir été remporté par un amateur français », précise Maître Jean-Emmanuel Prunier à propos de ce beau coup de marteau obtenu lors de sa vente du samedi 6 février 2016 à Louviers. « Compte tenu de l’absence de cote de l’auteur de cette toile – le peintre Jean-Pierre Laurens (1875 -1932) dont très peu de tableaux sont connus –, et de l’absence d’information sur le modèle représenté, l’adjudication finale s’explique uniquement par la qualité et la beauté du tableau, poursuit le commissaire-priseur. Celle qui incarne par sa tenue et ses cheveux coupés courts la femme libre et moderne des années 20 se montre inaccessible, sublime et presque vénéneuse, à l’image du bouquet de digitales présent à ses côtés. »