
Michel Tyszblat, la peinture entre jazz et danse
[Le lot du jour] A califourchon sur un vélo sans cadre, un cycliste est en train de traverser la toile. L’absence de route ne semble en aucun cas perturber son trajet. Peut-être est-il rassuré par la présence de la grande dame rouge derrière lui ? Les bras grand ouverts, elle espère sans doute pouvoir le rattraper en cas de chute. Mais assise dans le vide sans aucun point d’appui, notre héroïne risquerait fort de tomber à son tour… L’oiseau jaune devant eux a l’air plutôt sceptique. Dressé sur une seule patte, l’animal lutte manifestement lui aussi pour ne pas choir.
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.En regardant les trois personnages de ce tableau, mis en vente jeudi 14 août 2014 à Arcachon et en direct sur le Live d’Interencheres, une sensation double de flottaison et d’attraction saisit le spectateur. Son auteur, Michel Tyszblat (1936-2013), souhaitait en effet rendre sur la toile cette sensation « d’équilibre instable, à l’image des figures exécutées par les danseurs qui défient les lois de l’apesanteur grâce à leur grande habileté », détaille Bénédicte Valton de Jorna, auteur du catalogue raisonné de l’artiste actuellement en cours de réalisation.
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En haut à droite du tableau flotte une guitare verte. L’instrument incarne la passion de l’artiste pour la musique et son souhait récurent de pouvoir l’intégrer à son travail pictural. Pianiste de jazz, Tyszblat recherchait l’improvisation dans la peinture. « Dès son travail préparatoire, il laissait le pinceau libre de lancer des tâches de peinture sur la toile. A partir de ces jets spontanés, il déterminait les formes de sa future composition », complète Bénédicte Valton de Jorna.
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Estimé de 4 000 à 5 000 euros, ce tableau de 2013 intitulé « Venez tous » est l’un des derniers réalisés par le peintre avant son décès. Pour son ultime série, Tyszblat avait choisi de renouer avec la laque, médium qui avait fait sa renommée dans les années 70. A l’époque, les galeries sont nombreuses à le soutenir, à l’image de la Galerie de Seine de Thessa Herold, située dans le quartier Rive gauche à Paris. Michel Tyszblat expose alors aux côtés de Bernard Rancillac, Jacques Monory, Hervé Télémaque et tous les plus grands artistes de la Figuration narrative, un courant artistique en rupture avec l’abstraction. Mais il décide de rester délibérément à la lisière de ce mouvement en vogue.
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Après une première exposition posthume au printemps dernier à la galerie du Centre, à Paris, plusieurs rétrospectives et hommages à cet artiste resté discret tout au long de sa carrière sont prévus dès l’automne, en France et dans le monde entier. Le nom de Tyszblat n’a pas fini de raisonner dans l’univers du marché de l’art.
Lien vers l’annonce de vente du lot
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