Paul Durand-Ruel, le maître du marché de l’art
A l’occasion de l’exposition « Paul Durand-Ruel, le pari de l’impressionnisme », présentée au musée du Luxembourg à Paris jusqu’au 8 février 2015, Interencheres revient sur l’instigateur du marché de l’art moderne, et les tendances du courant qui l’a fait connaître.
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Le musée du Luxembourg rend hommage au premier grand marchand d’art selon les critères actuels du marché. En plus d’avoir découvert les plus grands maîtres impressionnistes, tels Edouard Manet, Pierre-Auguste Renoir ou encore Claude Monet, Paul Durand-Ruel (1831-1922) a été le premier à promouvoir des artistes par le biais de la presse, à rapprocher le monde de l’art de celui des finances, à organiser des expositions individuelles et à tisser un réseau de galeries internationales… Depuis Durand-Ruel, les principes qui régissent le marché de l’art et les tendances d’achat sont restés les mêmes. Cette exposition traduit la consécration de ce mouvement pictural ainsi que celle de son porte-parole qui a su croire en ses artistes, et surtout les promouvoir d’une manière novatrice au rang d’incontournables.
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L’exposition, qui se tient jusqu’au 8 février 2015, met l’accent sur les œuvres de Renoir, avec des compositions lumineuses et moins connues que les habituelles baigneuses, au milieu d’autres artistes tels que Monet, Delacroix, Courbet, Degas ou encore Manet et Cézanne… Outre les tableaux, des livres de comptes, des échanges épistolaires entre le marchand et ses artistes et autres témoignages de ses méthodes commerciales et des photographies de son appartement-galerie constituent le cœur de cette exposition, qui retrace le parcours du célèbre marchand et du mouvement qu’il a promu.
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A gauche : Camille PISSARO « Julie allaitant Ludovic-Rodolphe », 1878- adjugé 330 000 euros par Rouillac.
Au centre : Édouard MANET « L’enfant à l’épée », 1861- adjugé 3 800 euros par Ader.
A droite : Pierre-Auguste RENOIR, Modèle allongé, 1906- adjugé 420 000 euros par Claude Aguttes.
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« Ma folie avait été sagesse »
Jusqu’au début du XIXe siècle, l’art pictural officiel en France est dominé par l’Académie royale de peinture et de sculpture, qui fixe les règles du bon goût, aussi bien pour les thèmes des tableaux que pour les techniques employées. La couleur n’est alors pas considérée. Les Impressionnistes renouvèleront profondément les thèmes de la peinture en se concentrant sur la recherche de lumière et de couleurs et en essayant de retranscrire leur monde contemporain. En parallèle, dans le contexte d’essor économique de la fin du XIXe siècle, la peinture connaît une grande évolution libérale : elle n’est plus seulement au service de puissants, qui commandaient alors les œuvres. De plus en plus d’artistes indépendants se mettent à vendre directement leurs tableaux. L’art rentre alors dans une logique de marché.
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A gauche : Brouillon de lettre de Camille Pissaro à Paul Durand-Ruel- adjugé 6 500 euros par Galateau.
A droite : lettre de Paul Durand-Ruel à Paris 2-11 septembre 1905- adjugé 3 300 euros par Ader.
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A partir de 1867, Paul Durand-Ruel expose les Impressionnistes dans sa galerie parisienne mais également à Londres, puis à New York, où il profite de l’émergence de la demande américaine intéressée par la nouveauté et vierge de tout passé artistique. C’est justement aux États-Unis que les artistes qu’il défend obtiendront le plus de succès. Comme disait le marchand : « Enfin les maîtres de l’impressionnisme triomphaient […] Ma folie avait été sagesse. » Fort de cet héritage précurseur, les Américains se passionnent encore aujourd’hui pour ce mouvement artistique, et la majorité des ventes d’œuvres de Monet et de Renoir ont lieu aux Etats-Unis. Ainsi, une peinture de Monet s’est vendue à plus de 24 millions d’euros à New York en novembre 2014 et toujours dans la même ville, une huile sur toile de Renoir a été adjugée 7,5 millions d’euros en mai 2014.
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Camille PISSARRO « Fenaison à Eragny » 1893- adjugé 80 000 euros par Audap et Mirabaud.
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Le marché actuel des Impressionnistes
Pour Élisabeth Maréchaux, expert en arts des XIXe et XXe siècles : « L’impressionnisme est aujourd’hui une peinture accessible et compréhensible par tous. Il n’y a pas besoin d’une grande culture artistique pour apprécier ces œuvres fascinantes et désormais mythiques. De son coté, le marché de l’impressionnisme est très prolifique. Ainsi en 2014, plus de 70 toiles d’Auguste Renoir ont été vendues aux enchères. Et beaucoup d’œuvres importantes continuent de passer sur le marché. » Parmi les artistes les plus cotés, Renoir obtient de très bons prix. Son huile sur toile « Jeune femme au chapeau et visage d’enfant » a par exemple été adjugée le 8 décembre 2014 dernier 230 000 euros par la maison Audap et Mirabaud et son portrait du sculpteur Rodin en sanguine s’est récemment envolé à 215 000 euros lors d’une vente chez Bailly Pommery & Voutier. Et en 2012, l’un de ses pastels intitulé « Jeune fille à la charlotte » a trouvé preneur à 200 000 euros le 10 juin 2012 lors d’une vente de la maison Rouillac.
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A gauche : Edgar DEGAS, Danseuse regardant la plante de son pied droit- adjugé 45 000 euros par Besch.
A droite : Édouard MANET Polichinelle, 1874- adjugé 5 200 euros par Ader.
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D’autres médiums sont plus « accessibles » comme cette eau forte de « L’enfant à l’épée d’Edouard Manet vendue à 3 800 euros le 16 mai 2014 par Ader, un bronze de « Danseuse regardant la plante de son pied » d’Edgar Degas à 45 000 euros le 15 aout 2013 par Maître Jean-Pierre Besch à Cannes…
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Exposition Paul Durand-Ruel, Le pari de l’impressionnisme au musée du Luxembourg à Paris jusqu’au 8 février 2015.
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