
Dans la jungle amazonienne avec Claude Lévi-Strauss
Mise à jour du 27 mars 2017 : le lot a été acquis 14 000 euros par le marché européen
Des souvenirs de l’expédition en Amazonie en 1935 et 1936 de Claude Lévi-Strauss (1908-2009) seront mis aux enchères par Maîtres Marie-Edith Pousse-Cornet et Guillaume Cornet, le samedi 25 mars 2017 à Blois et en Live sur Interencheres. Conservés depuis l’origine dans la famille de son secrétaire personnel René Silz, ces documents sont aujourd’hui dispersés aux enchères à la demande des héritiers. Les photographies, dessins, objets et notes rapportés à la suite de cette mission constitueront une source inépuisable pour l’auteur du très célèbre Tristes Tropiques. Un véritable trésor pour tous les ethnologues, lecteurs de Lévi-Strauss, simples curieux ou aventuriers…
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Au coeur de l’Amazonie
Nommé professeur de sociologie à l’université de São Paulo, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss rejoint le Brésil en 1935. C’est dans le sud-ouest brésilien, dans cette « jungle épaisse » de l’Etat du Mato Grosso, que commence une première mission ethnographique chez les Indiens Caduveo et Bororo. Elle sera suivie d’une seconde expédition, plus au nord, menée sur les terres des Indiens Nambikwara et Tupi-Kawahibs jusqu’en 1938. « L’objectif était de rapporter des collections ethnographiques destinées au musée de l’Homme, ainsi qu’une part revenant réglementairement au Brésil », explique Maître Guillaume Cornet. Défenseur des sociétés dites « primitives », Lévi-Strauss observe, croque et prend note des faits et gestes des autochtones dont il tente de saisir les rites et coutumes, les liens de parenté, les hiérarchies sociales. Une rencontre décisive qu’il couchera sur le papier dans son ouvrage autobiographique, devenu best-seller depuis sa publication en 1955, Tristes Tropiques, dans lequel il dresse une vision désabusée de notre civilisation en quête perpétuelle de progrès.
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Un trésor d’ethnologie
« L’ensemble issu de la première expédition chez les Indiens Caduveo et Bororo, découvert lors d’un inventaire et estimé entre 3 000 et 5 000 euros, comprend 29 tirages argentique d’époque, un album d’environ 38 photographies, 70 plaques photos légendées, des manuscrits et quelques objets ». Des arcs, des flèches, des colliers amazoniens, une statuette stylisée documentent des images de Bororo coiffé d’une couronne de plumes, paré de duvet, installé dans une pirogue de retour de la pêche ou s’adonnant à une danse rituelle. Des éléments d’archive inestimables qui éclairent et forment un complément fécond au livre de référence publié en 1994 aux éditions Plon, Saudades do Brasil, dont un exemplaire sera joint à la vente.
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Dans la confidence
Mais c’est aussi l’occasion de pénétrer plus avant dans l’intimité de celui qui dès l’entrée de son Tristes Tropiques lance : « je hais les voyages et les explorateurs ». Des photographies drôles et émouvantes saisissent ainsi l’ethnologue tout sourire auprès du sorcier Onoendro ou en pleine ascension sur une liane (photos ci-dessus). « Le lot comprend également des lettres manuscrites que Lévi-Strauss adressa à René Silz, ou encore des invitations à dîner qui témoignent de leurs relations amicales. » Aux souvenirs de l’expédition sont joints des documents personnels qui offrent une vision plus familière de l’ethnologue. « On y trouve un de ses devoirs de français alors qu’il était en classe de seconde, annoté par son professeur : « Ce n’est pas mal… assez ingénieux » ! »
Des documents ethnologiques et personnels regroupés en un lot unique, comme pour mieux saisir l’homme qui se cache derrière l’un des plus grands ethnologues du XXe siècle. Cet ensemble inédit à l’estimation attractive devrait attirer les institutions telles que le musée de l’Homme…
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Lien vers l’annonce de vente … et le détail du lot
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