Le 26 mai 2015 | Mis à jour le 28 mai 2015

Redécouverte d’une œuvre inédite d’Artemisia

par Magazine des enchères

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[Le lot du jour] Malgré son air innocent, ce bébé potelé et endormi réveille l’un des mystères de l’histoire de l’art. Cette œuvre, réalisée par la grande peintre italienne baroque du XVIIe siècle Artemisia Gentileschi (1593-1652), était en effet connue des spécialistes grâce à des reproductions, mais le tableau originel avait totalement disparu… C’est à l’occasion d’un inventaire de succession que Maître Isabelle Aufauvre a redécouvert par hasard l’huile sur cuivre de petit format (12,5 par 17 centimètres) qui sera mise aux enchères dans son hôtel des ventes du Mans samedi 30 mai 2015.

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De quelle manière cet enfant si longtemps endormi s’est-il retrouvé au Mans ? Personne n’en a la moindre idée. Le dernier propriétaire de l’œuvre n’avait pas d’héritier connu et aucun document expliquant cette provenance n’a été découvert. « A l’origine, un Français a pu directement l’acheter à Artemisia Gentileschi lorsqu’elle était à Naples ? L’artiste a pu également l’amener elle-même à l’occasion du séjour qu’elle effectua en France entre 1630 et 1640 pour faire connaître son travail auprès du roi Louis XIII ? Pour l’instant, aucune hypothèse ne peut être vérifiée », détaille la commissaire-priseur. Toutefois, l’authenticité du tableau est, elle, certaine comme en atteste la signature figurant à gauche de l’enfant. Comme pour d’autres de ses œuvres connues, l’artiste a choisi de signer « Gentilscha » et non Gentileschi, « manifestement pour se distinguer de son père, Orazio Gentileschi, qui était également peintre », précise Maître Aufauvre.
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Outre le mystère entourant sa redécouverte, « l’Enfant endormi » présente plusieurs particularités qui font de ce tableau une œuvre exceptionnelle dans la production de l’artiste. L’huile a tout d’abord été réalisée sur une plaque de cuivre, un support utilisé que très rarement par Artemisia Gentileschi. Seules trois autres cuivres ont été jusqu’à présent recensées. Par ailleurs, le sujet lui-même s’avère totalement inédit. Il s’agit du seul enfant, et même du seul nu réalisé par l’artiste, comme le confirme la commissaire-priseur : « la représentation de nu lui a en effet longtemps été interdite car elle ne faisait pas partie d’une académie. Mais le fait d’être la fille et l’épouse de deux peintres académiques lui a sans doute finalement permis d’effectuer cette peinture. Quant à l’enfant, même s’il n’a pas d’ailes ni aucun autre attribut de l’ange de l’Amour, je pense qu’il s’agit de Cupidon. D’ailleurs sa posture, son éclairage et son traitement baroque rappellent en tous points le « Cupidon endormi » du Caravage qui se trouve au Palais Pitti à Florence », complète Maître Aufauvre avant de rappeler que tout son travail de peintre est tourné vers le caravagisme.
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Si Artemisia Gentileschi reste l’une des artistes femmes les plus célèbres de l’histoire de la peinture, ses œuvres demeurent extrêmement rares sur le marché. D’ordinaire coutumière des maisons de ventes internationales, la peintre italienne sera cette-fois à l’honneur en région, avec cette œuvre inédite estimée de 15 000 à 25 000 euros.

Lien vers l’annonce de vente du lot

 

 

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