Le 19 mars 2013 | Mis à jour le 4 avril 2013

Tableaux anciens à Pau : les coups de cœur de l’expert

par Magazine des enchères

Quel est le point commun entre la décapitation de Charlotte Corday, l’accoutrement à l’antique de héros bibliques, un jeune fumeur caravagesque et les noces de Cana ? Tous ces sujets sont traités dans les peintures anciennes présentées à la vente le samedi 23 mars 2013 à Pau par Maîtres Martine Gestas et Patrice Carrère. Sélection par Patrice Dubois, expert de la vacation.

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Leçon de caravagisme par un jeune fumeur
« L’éclairage du visage de ce jeune fumeur vous fait penser à une œuvre de Georges de La Tour ? Pourtant ce n’est absolument pas le cas ! Il s’agit d’un tableau nordique réalisé dans la première moitié du XVIIe siècle, vraisemblablement en Flandres ou en Hollande, région où le caravagisme s’exprime alors largement. Ce courant se caractérise par un contraste de lumière prononcé, comme celui qui oppose ici l’éclat de la bougie (absente de la composition) à l’obscurité de la pièce. Cette peinture réalisée sur un panneau de chaîne haut de 78,5 centimètres est estimée de 6 000 à 8 000 euros. »

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Les noces de Cana version flamande
« Cette peinture du XVIIe siècle a également été réalisée sur un panneau de chêne, un support beaucoup plus prestigieux que la toile à l’époque. Elle représente la scène biblique des « Noces de Cana », pendant laquelle le Christ effectua le miracle de transformer l’eau en vin. Thème de prédilection du grand maître Frans Francken II dit le jeune (Anvers 1581 – 1642), le sujet est ici réalisé par son école, qui avait pour habitude de répéter largement les motifs de l’artiste en ajoutant une variante à chaque fois. Une version des Noces de Cana réalisée par Frans Francken le jeune, dans une composition sensiblement différente, est d’ailleurs conservée au Musée de Toulouse. La vivacité des coloris ainsi que la recherche de la perspective en font également une œuvre remarquable. Estimation : de 3 000 à 4 000 euros. »

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Le dernier portrait de Charlotte Corday avant de partir à la guillotine
« Juste avant de partir à la guillotine, Charlotte Corday accepte de se laisser immortaliser. Le peintre Jean-Jacques Hauer vient alors dans sa cellule pour réaliser le dernier portrait vivant de celle qui ôta la vie de Marat. Notre tableau du XIXe siècle nous donne à voir cet épisode de l’histoire. Avant d’être emmenée à l’échafaud par des révolutionnaires coiffés de leurs bonnets phrygiens rouges, Charlotte Corday a juste le temps de remercier son portraitiste en lui offrant une mèche de ses cheveux. Estimation : de 3 000 à 4 000 euros ».

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Un accoutrement totalement anachronique !
« Casque à plumes et large cuirasse recouverte d’un drapé en velours rouge : l’accoutrement de ces personnages bibliques est totalement anachronique. En effet, le peintre a choisi d’habiller Laban et Esaü comme des Imperator romain ! Pour sa défense, la vérité historique n’était pas attendue dans la peinture du XVIIIe siècle. Les artistes pouvaient prendre toutes les libertés esthétiques qu’ils désiraient, aussi bien dans les vêtements que dans les décors. Leur imaginaire et leurs fantasmes étaient même encouragés ! Quand aux animaux aux longs cous qui figurent à l’arrière-plan du tableau, il semblerait que ce soient des chameaux… Mais l’auteur de cette toile n’en a manifestement pas vu beaucoup ! Estimation : de 3 000 à 4 000 euros ».

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