Le 26 novembre 2012 | Mis à jour le 4 janvier 2013

Temps de Rêve pour une vente de peintures aborigènes

par Magazine des enchères

Que s’est-il passé dans l’art aborigène d’Australie depuis les années 1970 ? Une exceptionnelle vente de peintures aborigènes provenant de collectionneurs privés nous plonge dans cet univers. Elle est organisée le samedi 1er décembre par l’étude Million et Associés à Paris.

Amateurs et néophytes pourront apprécier l’art aborigène à travers des œuvres issues notamment du célèbre mouvement Papunya, mis à l’honneur actuellement au musée du Quai Branly jusqu'au 20 janvier 2013, avec la très belle exposition « Aux sources de la peinture aborigène ». Selon l’expert de la vente, Marc Yvonnou, il est encore possible de profiter des prix raisonnables de cette peinture historique !

Cette vente comprend quelques-uns des artistes majeurs du mouvement Papunya tel que le célèbre Clifford Possum ou encore Ronnie Tjampitjinpa. Petite ville au cœur du désert central australien, créée par les Occidentaux afin de contrôler les populations aborigènes, Papunya était un lieu regroupant différents peuples du désert central. En 1971, un enseignant éclairé, Geoffrey Bardon, va y découvrir une créativité impressionnante, malgré des conditions de vie épouvantables, notamment à travers les dessins d'enfants dans le sable. Il comprend l’importance de cet art éphémère en voie de disparition et décide d’aider des artistes à mettre leurs dessins sur toile.

Comme l’explique le commissaire de l’exposition au musée du Quai Branly, Philippe Peltier, le mouvement Papunya a été véritablement fondateur puisque « pour la première fois, les artistes ne vont plus produire leur art en cérémonie mais sur un support nouveau pour eux ». (Écouter l’interview sur le site Internet du musée).
      

Des œuvres à décrypter

La peinture aborigène cherche encore son public en France. Contrairement aux idées reçues, ces oeuves ne sont pas abstraites. Les artistes d'Australie peignent leurs réalités, leurs histoires et leurs mythes.

En effet, ces oeuvres sont de véritables cartes, représentant des vues panoramiques du paysage australien. Selon les croyances aborigènes, elles sont liées aux différentes histoires des êtres ancestraux qui, sortant de la terre et se déplaçant dans le monde, ont créé le paysage actuel. Ces mythologies se situent dans un espace-temps très particulier appelé le « Temps du Rêve ».

 

   
Clifford Possum Tjapaltjarri, Sans titre.
76 x 76 cm. Estimé à 6 000 / 7 000 €
  Ronnie Tjampitjinpa, Sans titre. 100 x 150 cm.
Estimé à 7 000 / 8 000 €


La peinture ci-dessus de Clifford Possum a pour particularité de combiner plusieurs mythes se situant dans le même lieu sacré. Selon l'expert Marc Yvonnou, sa peinture, très caractéristique de l’art aborigène, s'apparente à un « zoom arrière » du paysage australien, à une vue plus grande de la carte.

Les signes récurrents de cette toile font référence aux diverses mythologies comme le serpent (qui est lié à la pluie), le ruisseau, le trou d’eau, ou même la présence de personnages assis représentés par des arcs de cercles.

Lors de cette même vente, il sera notamment possible d'admirer l’œuvre de Billy Stockman Tjapaltjarri, où deux personnages sont assis en tailleur autour d’un trou d’eau. La peinture exceptionnelle de Ronnie Tjampitjinpa nous montre quant à elle une façon aujourd’hui très rare de peindre les mythes sacrés, telle que les Aborigènes le faisaient dans les années 1970.

 

          
Ronnie Tjampitjinpa, Sans titre. 120 x 180 cm.
Estimé à 18 000 / 22 000 €
  Billy Stockman Tjapaltjarri, Sans titre.
30 x 40 cm. Estimé à 800 /1 000 €

 

  

Un panorama des styles aborigènes

La plus grande partie des œuvres mises en vente provient de la collectionneuse Anne de Waal, pionnière dans le domaine de l’art aborigène en Europe, qui a réuni des peintures venant de toute l'Australie. On trouvera ainsi dans cette vente aussi bien des œuvres venant de la région des Kimberley que celles de la Terre d’Arnhem, au Nord de l’Australie, caractérisées par des hachures comme dans la peinture de Jimmy Djelminy.

Ces motifs de hachures, typiques de cette région, sont de plus la propriété très personnelle des groupes qui les peignent. De petites lignes, en se croisant, créent une illusion de mouvement sur les toiles. Il est dit que ce mouvement rappelle la présence réelle des ancêtres dans ces peintures.
      

     
Peggy Griffiths (Kimberley), Bubble Bubble,
30 x 40 cm. Estimé à 400 / 500 €
           Jimmy Djelminy(groupe Ramingining), Flying fox story,
70 x 95 cm. Estimé à 600 / 800 €

 
Les connaisseurs et les néophytes pourront donc profiter ensemble de ces oeuvres représentatives de la richesse de l’imaginaire aborigène australien. C’est donc le moment d’acheter !


L’art aborigène est en pleine actualité à Paris, cette vente exceptionnelle y contribuant. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à assister la conférence que l’expert de la vente Marc Yvonnou donnera le 30 novembre (à 18 h en Salle VV, 3 rue Rossini dans le IXe arrondissement de Paris). Les œuvres seront exposées au public dans cette même salle vendredi 30 novembre de 10 h 30 à 20 h.


> Découvrir tous les lots de cette vente


Par Agathe Voisin


 

 

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