Le 28 janvier 2022 | Mis à jour le 28 janvier 2022

TOP 20 des œuvres d’art les plus chères vendues en 2021 sur Interencheres

par Diane Zorzi

Douze enchères millionnaires, dont six remportées en région, et des records mondiaux pour les maîtres anciens et contemporains, du Bernin à Soulages : le marché de l’art français a été marqué en 2021 par une reprise spectaculaire. Grâce à la retransmission des ventes en ligne, les commissaires-priseurs adhérents d’Interencheres ont pu tirer leur épingle du jeu et bénéficier d’une visibilité à l’international leur permettant de vendre des chefs-d’œuvre partout en France, à l’instar d’une toile de Fragonard adjugée 7,6 millions d’euros à Epernay. Retour en images sur les vingt plus belles adjudications enregistrées en 2021.

 

1. Un chef d’œuvre inédit de Jean-Honoré Fragonard adjugé 7,686 millions d’euros 

Le 26 juin dernier à Epernay, Antoine Petit fêtait en grande pompe ses quarante ans de marteau en présentant sa dernière trouvaille : une toile de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) perdue depuis plus de deux siècles. L’œuvre avait été découverte quelques mois plus tôt au hasard d’un inventaire dans une demeure bourgeoise en Champagne. Elle était accrochée en hauteur, faisant office de simple décoration pour ses propriétaires qui ignoraient posséder un chef-d’œuvre original, signé d’un des cinq plus grands peintres du XVIIIe siècle. Représentant Un philosophe lisant, le tableau a été peint autour de 1768-1770 alors que Fragonard est à l’apogée de sa carrière. A cette époque, l’artiste délaisse les sujets féminins et libertins qui ont fait sa renommée, pour s’adonner à un thème qui lui tient particulièrement à cœur : la lecture. Rendant hommage aux grands maîtres, il y démontre sa grande virtuosité technique. La matière s’affirme au gré de coups de brosse francs et exaltés. Au sommet de sa carrière, Fragonard travaille à la hâte, ne ménage aucune transition pour passer de l’ombre à la lumière et juxtapose les couleurs les unes aux autres. Un souffle créateur qui se tarira dans les années 1780, avant que David ne mette un terme à cette fougue picturale. Très rares sur le marché de l’art, les œuvres réalisées au cours de cette période sont aujourd’hui les plus recherchées par les collectionneurs. Après une intense bataille d’enchères entre sept enchérisseurs internationaux, le tableau a quintuplé son estimation basse pour s’envoler à 7,686 millions d’euros, acquis par un collectionneur français. Ce résultat spectaculaire confirme une nouvelle fois l’intérêt grandissant pour le marché de la peinture ancienne.

En savoir plus | Un Philosophe de Fragonard inédit adjugé 7,6 millions d’euros à Epernay

 

Jean-Honoré Fragonard (1732 – 1806), Un philosophe lisant, 1768-1770, huile sur toile, 45.8 x 57 cm. Adjugée 7 686 000 euros par Antoine Petit le 26 juin 2021 à Epernay. Expert : Cabinet Turquin, Stéphane Pinta.

 

2. Une œuvre sur papier de Wu Guanzhong adjugée 5,729 millions d’euros

Le 14 avril 2021 à Paris, une gouache et encre sur papier intissé de Wu Guanzhong (1919 – 2010) a pulvérisé son estimation, fixée entre 3 000 et 5 000 euros, trouvant preneur à 5,7 millions d’euros, lors d’une vente d’art contemporain organisée par la maison Cornette de Saint Cyr. Ce résultat exceptionnel confirme l’engouement croissant que suscite ce peintre chinois auprès des collectionneurs internationaux. Ami de Chu Teh-Chun, cet artiste s’est notamment illustré à travers son travail moderne du lavis d’encre et a bénéficié de son vivant d’une rétrospective au British Museum de Londres en 1992. 

 

Wu Guanzhong (1919-2010) , Hong Kong Night, 1987, Gouache, encre et lavis d’encre sur papier intissé, 172,5 x 412 cm. Adjugée 5 729 000 euros par Cornette de Saint Cyr le 14 avril 2021 à Paris. Expert : Cabinet Portier.

 

3. Un vase en porcelaine de l’époque Yongle adjugé 4,5 millions d’euros

Réalisé sous le règne de Ming Yongle (1403-1424), troisième empereur de la dynastie Ming, ce vase, arborant une forme dite « Meiping », avec sa panse haute et son corps évasé, est d’une extrême rareté. De fait, les vingt-et-une années de règne de l’empereur incarnent un moment capital de l’Histoire de la Chine, mais la production artistique parvenue jusqu’à nous est très restreinte. Cette pièce est remarquable par la grande qualité de son décor, arborant le bleu caractéristique du règne de Ming Yongle. Son raffinement atteste d’une grande maîtrise, même s’il est aujourd’hui difficile de connaître les circonstances exactes de la fabrication. Il pourrait s’agir d’une commande de cour, réalisée dans les fours de Jingdezhen. Si ce vase est probablement entré en France au XIXe siècle, les circonstances exactes de son acheminement demeurent elles aussi inconnues. La trace la plus ancienne est une photographie prise autour de 1930 dans l’intérieur familial d’une maison auvergnate. Ces vases sont particulièrement recherchés par les collectionneurs asiatiques, désireux de voir ressurgir sur leurs terres les témoignages de leurs illustres ascendants. Ainsi, cette pièce, estimée autour d’1 million d’euros, s’envolait le 19 juin à Clermont-Ferrand à 4,5 millions d’euros.

En savoir plus | Un vase de l’époque Yongle estimé à plus d’un million d’euros

 

Chine, Epoque Yongle (1403-1424) Vase de forme Meiping en porcelaine à décor en bleu sous couverte d’un registre de dix fruits dans leur feuillage, 36 cm. Adjugé 4 550 400 euros par Vassy & Jalenques le 19 juin 2021 à Clermont-Ferrand. Expert : Cabinet Portier.

 

4. Le grand canard de François-Xavier Lalanne adjugé 1,963 million d’euros

Lors d’une vente dédiée aux arts décoratifs organisée par la maison Gros et Delettrez le 12 avril 2021, une œuvre unique de François-Xavier Lalanne (1927-2008) datée de 1971 a pulvérisé son estimation, comprise entre 800 000 et 1,2 million d’euros, trouvant preneur à 1,963 million d’euros. Ce Grand Canard, au regard malicieux, illustre parfaitement la volonté de cet artiste, plébiscité sur le marché international, de donner à ses sculptures une fonction, à travers des œuvres hybrides, empreintes d’humour et de poésie. 

 

François-Xavier Lalanne (1927-2008), Grand Canard, 1971. Jette habits en tôle de fer calaminée et peinte, maillechort poli, tête pivotante formant coffre, dessus muni d’un couvercle, monogrammé FXL, estampillé François X Lalanne et daté sur le dessus, 144 x 209 x 96 cm. Adjugé 1 963 000 euros par Gros & Delettrez le 12 avril 2021 à Paris. 

 

5. Un record mondial pour une académie de Gian Lorenzo Bernini adjugée 1,937 million d’euros 

Si à sa découverte cette sanguine arborait un cartel au nom de Pierre Puget, l’attribution à ce sculpteur français de la seconde moitié du XVIIe siècle est rapidement écartée. En guise de contours, une suite discontinue de petits traits vigoureusement hachurés dessine les modelés et les ombres, et permet d’appréhender la figure sous plusieurs angles : le dessin est caractéristique des académies de Gian Lorenzo Bernini (1598-1680), dit le Bernin, célébré pour sa capacité à insuffler vie et mouvement au marbre et à la pierre. Prisées du vivant du sculpteur, les académies du Bernin ont pour la plupart disparu et les historiens de l’art n’en recensent à ce jour que sept, toutes conservées dans des institutions muséales, à l’image de deux modèles de dimensions similaires figurant dans les collections du musée des Offices de Florence et du Teylers Museum d’Haarlem, aux Pays-Bas. La découverte de ce dessin permettait ainsi d’ajouter une nouvelle pièce au corpus du grand maître de l’art baroque. Evoquant les « ignudi » de Michel-Ange, ce grand nu masculin avait également été rapproché par les experts du cabinet de Bayser des allégories des dieux-Fleuves représentées au pied de la fontaine de la place Navone, l’une des œuvres les plus emblématiques du Bernin. Mise à prix à 30 000 euros, la sanguine a été remportée le 20 mars 2021 à Compiègne par un collectionneur new-yorkais, à l’issue d’une âpre bataille entre dix enchérisseurs majoritairement étrangers. Adjugée 1,937 million d’euros, elle pulvérisait le précédent record établi à 235 000 euros pour un dessin du sculpteur baroque.

En savoir plus | Record mondial pour un dessin du Bernin adjugé à près de 2 millions d’euros

 

Gian Lorenzo Bernini (1598-1680), Académie d’homme, Sanguine avec de légers rehauts de craie blanche, 56 x 42,5 cm. Adjugée 1 937 500 euros par Actéon Compiègne le 20 mars 2021 à Compiègne. Expert : Cabinet de Bayser.

 

6. Une toile de Pierre Soulages adjugée 1,612 million d’euros 

Le 8 mai 2021 à Montpellier, il a fallu quinze minutes pour départager neuf enchérisseurs souhaitant acquérir cette huile inédite de Pierre Soulages (né en 1919), détenue jusqu’alors par des collectionneurs montpelliérains qui en avaient fait l’acquisition auprès d’une galerie de la ville au milieu des années 1970. Estimée entre 500 000 et 800 000 euros, la toile, présentée dans un état « sortie d’atelier », a finalement été adjugée 1,6 million d’euros à un collectionneur privé européen. Ce résultat correspond à la cote d’un artiste prisé, auquel de nombreuses expositions sont consacrées chaque année, du Louvre au Centre Pompidou. 

En savoir plus | Une peinture inédite de Pierre Soulages adjugée 1,6 million d’euros à Montpellier

 

Pierre Soulages (né en 1919), Peinture 100 x 81cm, 16 avril 1975, huile sur toile, 100 x 81 cm. Adjugée 1 612 000 euros par Bertrand de Latour et Jean-Christophe Giuseppi le 8 mai 2021 à Montpellier.

 

7. Un portrait de Frédéric Bazille adjugé 1,611 million d’euros 

Le 17 juin 2021 à Paris, la maison Cornette de Saint Cyr dévoilait un autoportrait de Frédéric Bazille (1841-1870), issu de la collection familiale. Cet Autoportrait en chemise de 1870, probablement le dernier des quatre autoportraits réalisés par le peintre décédé à seulement 28 ans, a été adjugé 1,611 million d’euros à un collectionneur américain, établissant le second record pour une toile de l’artiste montpelliérain.

 

Frédéric Bazille (1841-1870), Autoportrait, Frédéric Bazille en chemise, 1870, huile sur toile, 46 x 38 cm. Adjugé 1 611 400 euros par Cornette de Saint Cyr le 17 juin 2021 à Paris.

 

8. Une seconde peinture de Pierre Soulages adjugée 1,476 million d’euros 

Le 23 janvier 2021, le tableau Peinture 81 x 60 cm de Pierre Soulages, estimé entre 800 000 et 1 million d’euros, a été adjugé 1,476 million d’euros. Inédite sur le marché, cette œuvre provenait de la collection de Léopold Sédar Senghor, grand admirateurs et défenseur de l’artiste à qui il consacra plusieurs expositions dans les années 1970.

En savoir plus | Un tableau historique de Soulages vendu à près d’1,5 million d’euros en Normandie

 

Pierre Soulages (né en 1919), Peinture 81 x 60 cm, 3 décembre 1956, huile sur toile, 81 x 60 cm. Adjugé 1 476 200 euros par Caen Enchères le 23 janvier 2021 à Caen.

 

9. Une armoire à folios d’époque Louis XV adjugée 1,264 million d’euros 

Le 2 juillet 2021 à Paris, une armoire à folios de Bernard II Van Riesenburgh, provenant de la collection Simeoni, a été adjugée 1,264 million d’euros. René Simeoni (1925-2020) a écumé pendant plus de trente ans les galeries et salles des ventes, rassemblant dans sa propriété des Yvelines un ensemble exceptionnel de meubles et objets d’art des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cette pièce maîtresse de sa collection était surnommée « armoire à folios » car elle accueillait dans ses vantaux latéraux des ouvrages de grande taille. Cette « petite Joconde du mobilier français » avait été créée spécialement pour Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville, administrateur et homme politique sous le règne de Louis XV, qui l’arborait dans la bibliothèque de son hôtel particulier situé rue du Grand Chantier, actuelle rue des Archives dans le Marais.

En savoir plus | La collection René Simeoni, l’âge d’or du mobilier français

 

Armoire à folios en marqueterie de bois, Epoque Louis XV, estampille de Bernard Van Risen Burgh (1700/1705-1760/1766), 99 cm x 168,5 cm x 48 cm. Adjugée 1 264 000 euros par Hugues Taquet le 2 juillet 2021 à Paris. Expert : Pierre-François Dayot.

 

10. Une sculpture inédite de Claude Lalanne adjugée 1,23 million d’euros 

Le 3 octobre 2021 à Fontainebleau, Jean-Pierre Osenat présentait aux enchères trois chefs-d’œuvre inédits du couple Lalanne, provenant de la collection du Centre Européen d’Education Permanente (CEDEP) : La Science, La Loi et L’Enlèvement d’Europe. Ce dernier bronze, signé Claude Lalanne (1925-2019), a trouvé preneur à 1,23 million d’euros. Ce chef-d’œuvre novateur n’est autre que la première sculpture monumentale réalisée par l’artiste seule et sans intervention de galvanoplastie, un procédé d’empreinte d’après un objet physique recouvert de couches de métal dont elle s’était fait une spécialité. Ici, Claude Lalanne privilégie la technique traditionnelle de la fonte à la cire perdue, renouant avec la tradition académique de la commande institutionnelle. 

En savoir plus | Des chefs-d’œuvre secrets des Lalanne révélés à Fontainebleau

 

Claude Lalanne (1925-2019), L’Enlèvement d’Europe, 1990, bronze à patine brune, 200 x 85 x 202 cm. Adjugé 1 230 000 euros par Osenat le 3 octobre 2021 à Fontainebleau.

 

11. Un record mondial pour un paravent de Lê Quoc Loc adjugé 1,222 million d’euros 

L’artiste vietnamien Lê Quoc Loc (1918-1987) était à l’honneur lors d’une vente organisée par la maison Millon le 21 octobre dernier avec un paravent laqué de 1943 adjugé à plus d’1 million d’euros. Cette composition savamment structurée donnait à voir un Paysage de Phnom Penh, au gré de feuilles d’or et de rehauts de rouge. Ce résultat établit un record mondial pour cet artiste rare sur le marché. 

 

Le Quoc Loc (1918-1987), Paysage de Phnom Penh, 1943, paravent à huit feuilles en bois à décor polychrome finement laqué et en léger relief, 199 x 49.5 cm. Adjugé 1 222 000 euros par Millon & Associés le 21 octobre 2021 à Paris. Expert : Ngô Kim-Khôi.

 

12. Un portrait intimiste de Renoir adjugé 1,165 million d’euros

Si Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), peintre particulièrement prolifique, a laissé derrière lui un nombre d’œuvres considérable, l’arrivée sur le marché d’un nouveau témoignage est à chaque fois un ravissement, dont seuls les grands maîtres ont le secret. Avec ce portrait, au charme indéniable, la magie opérait : la toile s’est envolée à 1,165 million d’euros lors d’une vente organisée par Emmanuel Dard le 22 juin 2021 à Marseille. Cette Jeune femme, fleurs dans les cheveux, n’a pas été identifiée, à l’instar de maints portraits de l’artiste laissés orphelins. Mais son nez camus, ses lèvres pulpeuses, sa chevelure brune soyeuse et son visage tout en rondeur évoquent le minois de Gabrielle, l’une des muses de prédilection de Renoir. Peint vers 1900, ce tableau est passé depuis entre des mains illustres, rejoignant successivement les collections des marchands et collectionneurs Bernheim-Jeune, Fleischteim et Alphonse Kahn.

En savoir plus | Un portrait intimiste de Renoir adjugé 1,1 million d’euros à Marseille

 

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), Jeune femme, fleurs dans les cheveux,1900, huile sur toile, 33,5 x 30 cm. Adjugée 1 165 600 euros par Marseille Enchères Provence le 22 juin 2021 à Marseille. Expert : Cabinet Chanoit.

 

13. Un décor monumental de Jean Dunand pour le paquebot Normandie adjugé 924 000 euros 

Au début des années 1930, la Compagnie générale transatlantique sollicite les plus grands décorateurs de l’entre-deux-guerres pour façonner la décoration intérieure de son fleuron, bientôt qualifié de plus grand et de plus rapide paquebot du monde, le Normandie. Parmi eux, Jean Dunand (1877-1942) est chargé de réaliser l’ensemble le plus spectaculaire, destiné au fumoir et au salon des premières classes : cinq panneaux de laque monumentaux (6 mètres de hauteur et 5,8 mètres de largeur chacun), sur les thèmes Jeux et Joies de l’homme, La Pêche, Les Sports, La Conquête du cheval, Les Vendanges et La Danse. Pour se prémunir d’un éventuel incendie, à l’origine de la destruction en 1933 du paquebot l’Atlantique, Dunand recourt à un mélange de plâtre et de laque liquide, appelé « sabi » qui, une fois coulé dans des moules durcit pour recevoir la laque d’or et les laques de couleurs.

Ce décor majestueux, le paquebot Normandie, véritable ambassadeur de l’art français, l’arbora fièrement durant quatre années de traversées entre le Havre et New York. Inauguré en 1935, le navire effectue sa dernière traversée à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, pour se fixer dans le port américain. Le bateau est alors réquisitionné par l’armée pour transporter les troupes de guerre, tandis que les éléments de décor sont déposés pour être stockés dans les entrepôts de la Compagnie générale transatlantique. Plusieurs laques de Dunand sont finalement remontées sur les nouveaux paquebots de la Compagnie : Ile-de-France, Liberté et Flandre. Les parties hautes de La Conquête du cheval et La Pêche se retrouvent ainsi sur le paquebot Ile-de-France, quelque peu modifiées par le fils de Jean Dunand, Bernard, qui doit adapter les panneaux à une hauteur de ponts inférieure pour ne garder que les trois chevaux sauvages poursuivis par les deux cavaliers au lasso, ainsi que les pêcheurs sur leur barque jetant leurs filets.

Pour rétablir un décor complet, Bernard Dunand supprime alors les éléments du bas de La Conquête du cheval. Ce panneau tronqué, correspondant à la partie haute du décor, fut à nouveau déposé du paquebot pour rejoindre son actuel lieu d’exposition, le siège social de l’armateur CMA-CGM à Marseille. Les dix-huit panneaux formant la partie basse du décor initial refirent quant à eux surface sur le marché en 1993, avant d’être redécouverts récemment, près de leur port d’attache, dans une collection particulière au Havre et de s’envoler, le 20 février 2021, à 924 000 euros.

En savoir plus | Le décor monumental de Jean Dunand pour le paquebot Normandie adjugé à 924 000 €

 

Jean Dunand (1877-1942), La conquête du cheval, 1935, Ensemble de dix-huit panneaux en laque or et laques de couleurs sculptés en bas-reliefs sur bâti de « sabi », 311 x 504 cm. Adjugé 924 000 euros par Enchères Océanes le 20 février 2021 au Havre. Expert : Cabinet Marcilhac. 

 

14. Une œuvre de Marc Tobey adjugée 910 000 euros 

Estimée autour de 200 000 euros, la toile Blue and White Calligraphy de l’artiste Mark Tobey (1890-1976) s’est envolée à 910 000 euros, lors d’une vente organisée par la maison Millon le 22 novembre 2021 à Paris. Avec cette abstraction calligraphique, le peintre américain obtient un second record d’enchères, le classant désormais parmi les artistes abstraits les plus recherchés sur le marché.

Mark Tobey (1890-1976), Blue and White Calligraphy, 1962, tempera sur carton, 111,5 x 70,7 cm. Adjugé 910 000 euros par Millon & Associés le 22 novembre 2021 à Paris.

 

15. Un record mondial pour une Annonciation d’Antonio Vivarini et de Giovanni d’Alemagna

Réalisée autour des années 1449-1450, cette Annonciation présentée aux enchères par la maison Aguttes le 17 juin 2021 a été adjugée 910 000 euros, établissant un record pour les peintres vénitiens Antonio Vivarini (1415-1476/1484) et Giovanni d’Alemagna (1411-1449/1450). Découvert dans un château en Bourgogne, ce panneau illustre brillamment les évolutions artistiques qui marquent le Quattrocento et amorcent le début de la Renaissance en Europe. 

 

Antonio Vivarini (1415-1476/1484) et Giovanni d’Alemagna (1411-1449/1450), L’Annonciation, 1449-1450, tempera sur panneau de bois et stuc doré, 98 x 90 cm. Adjugé 910 000 euros par Aguttes le 17 juin 2021 à Neuilly-sur-Seine.

 

16. Une nature morte de Maria Van Oosterwyck adjugée 806 000 euros 

Le 26 mars 2021 à Troyes, une toile de Maria Van Oosterwyck (1630-1693) a été adjugée 806 000 euros, sous le marteau de Léonard Pomez, établissant un second record mondial pour cet artiste néerlandaise. Ce tableau, découvert au hasard d’un inventaire, est l’un des rares tableaux de l’artiste conservés en mains privées. Peintre convoitée des cours européennes, Maria Van Oosterwyck (1630-1693) s’illustra durant le siècle d’or hollandais à travers ses natures mortes virtuoses. Cette œuvre donnant à voir un bouquet de fleurs à côté d’une nature morte de coquillages évoque deux autres toiles conservées dans les collections des musées de Copenhague et de Dresde. 

En savoir plus | Une nature morte inédite de Maria Van Oosterwyck adjugée à plus de 800 000 euros à Troyes

 

Maria Van Oosterwyck (1630-1693), Bouquet de fleurs dans un vase en grès du Rhin posé sur un entablement à côté d’ une nature morte de coquillages, huile sur toile, 101 x 78 cm. Adjugée 806 000 euros par Boisseau-Pomez le 26 mars 2021 à Troyes. Expert : Cabinet Turquin.

 

17. Un vase de la dynastie Qing adjugé 780 800 euros

Estimé entre 1 500 et 2 000 euros, ce vase en porcelaine a créé la surprise le 6 décembre 2021 au Havre, trouvant preneur à 780 800 euros, lors d’une vente organisée par la maison Mazonni & Neyt. Donnant à voir des jeux d’enfants et des chauves-souris, au sein de médaillons sur un fond bleu turquoise, ce vase est daté autour de 1900 et correspond à l’époque des Qing, dernière dynastie à avoir régné sur la Chine.

 

Chine, dynastie Qing, 1900, vase en porcelaine de forme double gourde à panse basse et aplatie, à décor d’émaux polychromes dans des médaillons sur fond bleu turquoise, de jeux d’enfants et de deux chauve-souris sur le col, 17,6 cm. Adjugé 780 800 euros par Mazzoni & Neyt le 6 décembre 2021 au Havre.

 

18. Un chef d’œuvre symboliste de Kupka adjugé 774 900 euros

Avant de s’imposer comme le pionnier de l’abstraction, František Kupka (1871-1957) explore au début des années 1900 l’Art nouveau, le fauvisme et l’expressionnisme. Il mène des recherches actives sur la couleur et sa force expressive symbolique, héritées des théories de Goethe et Chevreul, et s’intéresse à la théosophie, l’occultisme et le spiritisme, livrant une série d’œuvres d’art dans la lignée des symbolistes, à l’instar de ce Cheval blanc, peint en 1909. Avec ses tonalités de jaune, de rouge et de bleu, relevées de touches de vert, ce tableau évoque les harmonies colorées de son Grand Nu, Plans par couleurs peint en 1909 (Musée Guggenheim, New York), tandis que les camaïeux de jaune des pierres de la chapelle rappellent ceux de La Gamme jaune de 1907 (Centre Pompidou, Paris). La charmante petite chapelle de Trégastel est ici transformée en une icône mystique, ornée de l’ombre du calvaire, prolongée par celle du cheval blanc qui, étirée, teinte la scène d’une atmosphère onirique, métamorphosant l’animal en une créature fantastique. Cette toile, connue des spécialistes, fut réalisée par Kupka en Bretagne, un havre de paix, loin de l’agitation parisienne, où il séjourne à plusieurs reprises et que le tableau devait finalement rejoindre en 1994, suite à son acquisition lors d’une vente aux enchères à Douai. Le 15 mars 2021, c’est à Rennes qu’un collectionneur originaire de Bratislava poussait finalement les enchères jusqu’à 774 900 euros, remportant le tableau face à dix enchérisseurs, dont un collectionneur breton.

En savoir plus | Kupka et la Bretagne : un chef-d’œuvre symboliste adjugé à plus de 770 000 euros à Rennes

 

Franti ek Kupka, (1871 – 1957) Le cheval blanc, la chapelle Sainte-Anne devant la mer, Trégastel, 1909, huile sur toile, 54,5 x 81,5 cm. Adjugée 774 900 euros par Rennes Enchères le 15 mars 2021 à Rennes.

 

19. Une composition florale de Frédéric Bazille adjugée 728 200 euros

Avec l’Autoportrait en chemise adjugé 1,6 million d’euros, la vente du 17 juin 2021 organisée à Paris par la maison Cornette de Saint Cyr dévoilait sept autres œuvres inédites issues de la collection familiale de Frédéric Bazille (1841-1870). Parmi elles, une composition florale de 1870 s’est envolée à 728 200 euros, acquise par un collectionneur asiatique.

 

Frédéric Bazille (1841-1870), Fleurs, circa 1870, huile sur toile, 46,2 x 38,4 cm. Adjugé 728 200 euros par Cornette de Saint Cyr le 17 juin 2021 à Paris.

 

20. Un record mondial pour un bronze de Soulages adjugé 685 800 euros 

Les sculptures ne représentent qu’une infime partie de l’œuvre de Pierre Soulages (né en 1919), célèbre pour ses peintures monochromes. La vente aux enchères de l’une d’entre elles le 28 mai 2021 à Paris était naturellement un événement pour les collectionneurs. Cette épreuve en bronze patiné et doré a ainsi trouvé preneur à 685 800 euros, établissant un record mondial pour l’artiste dans le domaine de la sculpture.

 

Pierre Soulages (né en 1919), Bronze, n°2, 1976, épreuve en bronze patiné et doré, signée, numérotée 3/5 Blanchet fondeur, Paris, 66,5 x 88 cm. Adjugée 685 800 euros par Beaussant-Lefèvre le 28 mai 2021 à Paris.

 


Tous les résultats sont indiqués frais de vente inclus.

Haut de page

Vous aimerez aussi

Gilles Grannec, le patrimoine breton perd un fidèle gardien

Le 15 septembre 2023 | Mis à jour le 15 septembre 2023

Le commissaire-priseur Gilles Grannec est décédé tragiquement le 29 août dernier, agressé au couteau lors d’une expertise chez un particulier. Avec sa disparition, le patrimoine breton perd l’un de ses […]

L’art du pastel, mariage d’amour de la couleur et du dessin

Le 13 septembre 2023 | Mis à jour le 13 septembre 2023

S’il triomphe au siècle des Lumières, le pastel connaît un renouveau à la fin du XIXe siècle. De l’impressionnisme au symbolisme, il devient un outil d’expérimentation privilégié des plus grands […]